Noa Deschenes — Empirisme
cw : violence animale, meurtre, crises d'angoisse.
Je n’aime pas parler de mon arrivée à Derry. Je n’ai pas pensé m’en sortir. Je suis arrivée à l’arrière d’une voiture de police, au mois de Mai, il y a deux ans.
- Récit de la nuit du 10 Mai 2022:
- Quand Beck m’a demandée, plusieurs jours plus tard, pourquoi j’avais été arrêtée, une histoire est sortie toute seule de mes lèvres. Une histoire de fouilles, d’attouchement, d’agression et outrage contre agent des forces de l’ordre. Je ne sais pas à quel point elle m’a crue, mais elle ne m’a jamais questionnée davantage. Toujours est-il que j’étais à l’arrière de cette voiture, menottée, portes verouillées. Nous venions de quitter le commissariat de North Bennington et étions en route vers le Albany County Correctional Facility. Ce n’est que lors de notre deuxième traversée de Derry que j’ai commencé à prêter attention à ce qu’il se passait. Charlie conduisait et c’est le detective Bellamy qui ouvrit la fenêtre quand Beck nous a fait signe de nous arrêter. Elle leur demandait, de manière plutôt insistante, de nous arrêter dans la ville pour la nuit et de nous abriter dans une des maisons. Nous abriter de quoi? Y avait-il eu un avis de tempête que j’avais raté en cellule? Aucune chance pour que mes gardiens fassent une pause cependant, nous avons repris la route. La même route déserte bordée d’arbres, puis la même pancarte nous souhaitant la “bienvenue à Derry”. La ville était désormais vide, les rideaux tirés sur les fenêtres éclairées de l’intérieur. Charlie et le detective Bellamy avaient dépassé le stade de l’énervement pour réellement se disputer sur où et si ils étaient perdus. C’est moi qui leur ai crié de freiner pour ne pas écraser la personne âgée qui traversait la route. Non, elle ne la traversait pas. Elle se tenait debout, immobile, fixant les phares comme une biche effrayée. Le detective Bellamy sortit. Je pense que tous les trois avions cru à la même chose : une pauvre femme âgée, désorientée dans la nuit, qui cherchait laquelle de ces maisons était la sienne. Ni moi ni Charlie ne pouvions nous attendre à ce que nous avons vu. Nous avons poussé le même cri quand l’ancienne s’est jetée sur le détective avec une agilité improbable, et que ce dernier s’effondra sur le sol dans une gerbe de sang, secoué de convulsions sur le bitume de la route. Charlie était sorti aussitôt, avait sorti son arme de son étui et s’était mis à tirer, sur elle et les autres habitants qui avaient encerclé le corps du detective. Je pense que je croyais encore à une sordide possibilité de cannibalisme, à un culte quelconque du fin fond du Vermont (imaginez ma surprise quand j’appris que nous étions dans le Nebraska), jusqu’à ce que je réalise qu’aucune des balles de l’officier n’avait fait le moindre effet. En regardant autour de nous pour étudier nos chances de fuite, j’eu la certitude que ce qui nous avait trouvé n’était pas humain. Ils étaient tout autour de nous, similaires en tout point à des personnes ordinaires, si ce n’était les terribles crocs, fins et acérés, qui déformaient leur gueule. Je n’eu pas le temps de crier à Charlie de retourner dans la voiture. Je n’oublierai jamais ses cris. Ils prirent fin rapidement, mais résonnèrent longtemps dans mes oreilles. Les… choses étaient de plus en plus nombreuses, et celles qui ne s’en étaient pas pris à mes gardiens s’étaient approchées de la voiture, me scrutant par les fenêtres. Mon cœur s’arrêta quand je les entendis tirer sur la poignée des portières, et nos regards se croisèrent quand ils découvrirent, et je me rappelais, qu’elles étaient fermées à clé. “Laisse-nous entrer?” me demanda l’une d’entre eux avec une amabilité qui firent se hérisser tous les poils de mon corps. J’étais si terrifiée que j’en oubliai de mentir. “Je ne peux pas.” “S’il-te-plaît, laisse-nous entrer.” “Je ne peux pas, je suis enfermée.” “Robin?” Mon sang se glaça, je ne pouvais plus respirer. Quelques unes de ces choses s’écartèrent, pour le laisser approcher. Will. Mon meilleur ami. Je me suis mise à hurler. Hurler à pleins poumons. Je ne sais pas quand je me suis arrêtée. A vrai dire, je ne me souviens plus de grand chose de cette nuit-là.
On m’a dit que quand les habitants, les vrais habitants de Derry ont retrouvés la voiture, les vitres étaient brisées et ne tenaient plus que par le grillage de sécurité. C’est sans doute ce qui m’a sauvé la vie. En dehors de quelques coupures dues aux débris, et ma voix cassée, je n’avais rien, physiquement. Après avoir essayé de forcer une serrure, quelqu’un a retrouvé les clés sur la dépouille du detective Bellamy et on me fit enfin sortir.
Je me soucie avant tout de la communauté. Je ne pense pas qu’il soit possible de vivre ni de survivre seul. Si la décision est prise de tenter de partir, ce doit être une décision prise par le groupe. En ce qui me concerne, je ne suis bien sûr pas à l’aise à l’idée que la mort nous guette par la fenêtre tous les soirs, mais d’un autre côté, je ne suis pas certaine que ce qui m’attend en dehors de Derry me soit bien plus favorable.
Je me suis un moment demandée si cet endroit était une sorte de purgatoire. J’ai pensé pendant de longs mois que j’avais mérité ma place ici, mérité une mort sanglante et douloureuse que je ne faisais que repousser nuit après nuit. Avant de réaliser que ce n’était pas le cas de tout le monde à Derry. Si c’était un purgatoire, ne devrions-nous pas tous avoir quelque chose à expier. Tout le monde ne peut pas avoir un terrible secret à cacher. Et qu’en est-il des enfants? Si je me questionne, je m'interroge désormais davantage sur ce que je me souviens des histoires de mon peuple. Si les Navajos ont traversés trois mondes avant d’arriver dans celui-ci, y en a-t-il d’autres? Sommes-nous dans un monde à part? Mais je crois au final que ce que nous voyons se rapproche davantage des légendes des peuples algonquiens, à propos de ces êtres ayant toujours faim. Je pense qu’il s’agit peut-être de Wendigo
Will. Wilhelm Ashcombe. Ses cheveux noirs. Ses yeux sombres et rieurs, son sourire en coin. Du haut de son mètre quatre-vingt-seize, il doit se pencher pour me regarder par la fenêtre. Il y a dans son regard une étincelle espiègle, comme s’il me faisait une surprise, comme s’il savait qu’il ne devrait pas être là. Ce fût mon meilleur ami pendant deux ans. Le frère que je n’ai jamais eu.
J’écrivais, avant Derry. Beaucoup. Tout le temps. Ma tête débordait d’histoires, de personnages, de mots… Maintenant, je me restreins à raconter des histoires à l'oral, comme le faisaient mes ancêtres. Je peignais aussi à l’époque, et je donnerai volontiers toutes mes fleurs, contre une toile, des pigments et des pinceaux. A défaut, je gribouille dans la terre sèche à l’aide d’un bâton, ou je grave dans le bois de la charpente du grenier avec mon couteau. Si j’arrive à mettre la main sur un bout de charbon, je dessine le visage d'un habitant sur un galet.
— Je me suis longtemps considérée comme une bonne personne. Je porte beaucoup d’attention au bien être de ceux qui m’entourent. On m’a d’ailleurs plusieurs fois reproché de ne pas mettre mes propres besoins suffisamment en avant, de m’oublier face aux autres. Mais qu’importe, ce n’est pas faute d’avoir essayé, je n’arrive tout simplement pas à éprouver du plaisir ou du bonheur s’il vient au prix du bien-être de quelqu’un d’autre. J’essaie toujours d’être utile à Derry, d’alléger le travail des autres, ou de prêter une oreille attentive, une épaule sur laquelle se reposer, un sourire réconfortant. Ne serait-ce que des fleurs en pot pour rendre l’endroit plus beau. Je me sais trop protectrice. Je peux être étouffante, et je vois rouge si l’on fait du mal à quelqu’un qui m’est cher. Je ne peux pas m’en empêcher. Je déteste être seule. J’ai grandi avec mes trois soeurs, perpétuellement des gens autour de moi. La première fois où j’ai vécu seule furent mes études, et les premières semaines furent un véritable calvaire. Je réfute catégoriquement le dicton disant qu’il vaut mieux être seule que mal accompagnée. Je me demande parfois si je ne suis pas trop naïve, ou manipulable, mais j’ai du mal à croire à autre chose que le meilleur chez les gens. Curieuse, cultivée, j’ai été véritablement passionnée par mes années d’études littéraires. L’émulation, les recherches, l’inspiration. Je ne me sens jamais autant satisfaite que lorsque je pense avoir créé quelque chose de beau, ou d’expressif. Je prends également beaucoup de plaisir dans la création des autres. Je suis très sensuelle, au sens propre du terme : j’aime satisfaire mes cinq sens. De la bonne nourriture ou du bon vin, de la musique enivrante ou des vers touchants, de la beauté, une température douce ou des couvertures chaudes, le parfum des fleurs, des feuilles mortes ou de l’encens.
— Entre mes études littéraires, et mes origines amérindiennes, je ne manque pas d’histoires à raconter. Si on me le demande à la maison commune, je peux réciter les légendes de mon enfance, ou narrer ce que je me rappelle des romans que j’ai lu, avec plus ou moins de fidélité. En ce moment, c’est l’Île au Trésor, de R.L. Stevenson, dont je conte quelques chapitres chaque soir.
— Je préfère rester bien à l’écart des chiens que l’on trouve en ville, quand bien même il s’agirait du retriever le plus adorable au monde, queue battante et langue pendue.
— Autre héritage navajo que je partage volontiers, la langue des signes. Il ne s’agit pas de la langue des malentendants, mais de celle que les Indiens des Plaines utilisaient pour se comprendre. J’ai cependant découvert que certaines idées s’expriment avec des signes similaires, comme “les gens”, “amour”, ou “chasser”.
— J’ai toujours que ce serait avec une femme que je ferai ma vie.
— Je ne suis jamais à l’aise sur une chaise. Je préfère un fauteuil ou le sol.
— Aussi longtemps que je me souvienne, chaque fois que je vois un arbre, je cherche à l’escalader. Je me sens à ma place, lovée entre deux branches, et la vue y est sans pareille. C’est d’ailleurs pour ça que mon meilleur ami m’a surnommée Rouge-Gorge (Robin).
— Je me réveille fréquemment en sursaut au beau milieu de la nuit. Je me retrouve en sueur, tremblante de terreur, parfois même avec une profonde envie de vomir. Lorsque cela arrive, on m’a donné un peu de cannabis venant de la serre pour m’aider à me rendormir.
— On me l’a beaucoup reproché, mais si un de mes vêtements à un trou, je ne peux pas m’empêcher de tirer sur le fil. J’ai beau savoir que cela rendra sa réparation plus difficile, j’ai du mal à résister.
— J’ai conscience d’être très souriante. Je souris dès que je croise le regard de quelqu’un, ou même, à ce qu’il paraît, toute seule, le regard dans le vide. Je ne vois pas en quoi c’est un problème, je préfère avoir des gens souriants autour de moi que des mines abattues.
— Je n’ai jamais aimé manger d’animaux. Végétarienne, j’ai développé une quasi-obsession à propos des graines et des champignons.
J'ai adoré lire ta fiche ; elle est complète, recherchée, pleine de petites anecdotes intéressantes et de mystères qu'on a un peu hâte de découvrir (sisi j'ai hâte de savoir comment elle connaissait Charlie ). La première partie de ses interrogations sur Derry fait un peu penser au livre Population : 48. Quant au Wendigo, je crois que la bande à Lula, MJ et Jojo avaient déjà parlé de cette proposition, peut-être voir avec eux pour continuer d'en parler ?
✧ À la suite de ta présentation, tu peux organiser la suite comme il te plaît: liens, chronologie, moodboard... Tu es libre de faire comme tu préfères! Tu trouverasquelques modèles juste ici .
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